On a quand même partagé le même appartement pendant 6 mois et ne parler que de la guerre du Liban ça aurait été trop triste.
Non, avec Hadi, on a tissé des liens qui ont fait qu’il m’a un peu pris sous son aile, un peu comme un ange...
Il m’a emmené voir son université. Il était trop fier de me montrer où il étudiait et moi super contente de rentrer dans une université américaine!
Il m’a emmené à un de ses entraînements de foot. Vraiment, c’était juste naturel pour lui de partager ça avec moi alors qu’il ne me connaissait que depuis quelques semaines. Moi, j’appelle ça un ange. Totalement désintéressé, juste dans le partage de bons moments. C’était super !
Comme j’avais dû une fois dire que j’aimais la salsa, il m’a emmené dans un club un soir sachant qu’il ne danse pas à cause de sa blessure de guerre (voir café canadien n°1 ). Vraiment, il avait des attentions tellement bienveillante envers moi. Et une envie de partager tellement simple et facile!
Je me souviens aussi que le jour où je lui ai dit que je partais en week-end à Toronto avec Aline, il a eu peur pour moi. Il m’a dit de faire attention et de ne pas aller dans certains quartiers où je risquais de me faire agresser. Il m’a dit de prendre ma bombe de poivre avec moi au cas où. Vraiment un ange, un protecteur.
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Et puis au bout de quelque temps, on s’est mis à parler cinéma. Je me suis rendu compte qu’Hadi avait en fait une culture des films internationaux assez conséquente. Alors de temps en temps, on branchait mon ordinateur dans le salon et il sortait sa clé USB pour me faire découvrir des films du monde entier. Je ne me souviens plus bien lesquels mais imaginez, un Libanais, la trentaine, de 1m90, et une Française, 10 ans de moins, 1m60 à tout casser, tous les 2 assis sur un vieux canapé et qui regardent "Lost in Translation" ou un thriller sud-américain en VO sous titrés en anglais pour que les 2 comprennent. Moi, je trouve que c’était des moments assez uniques où l’angitude d’Hadi s’exprimait encore par sa simple volonté de partager.
Un autre moment d’angitude de la part d’Hadi, c’est quand je lui ai dit que j’allais partir quelques jours à la ville de Québec avec Aline et une autre Française qu’on avait rencontré sur un événement. Il m’a simplement proposé de nous emmener toutes les 3 à la station de bus d’Ottawa qui se trouve à plusieurs kilomètres de là où nous habitions chacune. Un ange, je vous dis !
Et c’est là qu’est tout le paradoxe. Hadi n’était pas toujours un ange.
Un soir, je l’ai croisé, qui revenait de son entraînement. Je l’ai attendu pour manger et c’est là qu’il m’a raconté comment il faisait pour vivre.
En fait Hadi avait un job étudiant comme n’importe quel étudiant, jusque-là tout va bien. Mais il m’a aussi expliqué que pour vivre au Canada, un job étudiant n’est pas suffisant. Il m’a alors parlé de son « unregular job »…
En fait, il m’a expliqué que parfois des gens doivent de l’argent à d’autres gens. OK. Et que parfois, ils ne remboursent pas en temps voulu... OK Alors il m’a dit qu’il faisait partie des gars qui vont « demander » l’argent non remboursé directement chez les mauvais payeurs... Tout ça dans l’illégalité... Je ne vous fais pas un dessin…
Alors là, j’étais stupéfaite !
Mon Hadi, cet ange si protecteur, tellement dans le partage, tellement bienveillant et protecteur avec moi, était en fait mêlé à des histoires très louches.
Il était en train de me faire comprendre qu’il était une sorte d’homme de main…
Je crois que c’est la raison qui fait qu’il m’a tant marqué.
On trouve vraiment des anges là où on ne les attend pas!
Bonne soirée chers lecteurs.


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